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Norse, l’Aube de la Guerrière du Nord

Vous aussi, les aventures de Brianna vous ont fait frémir de plaisir et d’envie ? Vous attendez le tome 2 avec impatience ? Alors cet article est pour vous ! James Lemay, créateur de la saga Norse, revient sur son parcours et ses inspirations.

 

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Ma fascination pour les récits de fantasy et d’heroic fantasy remonte à l’enfance. À chaque fois qu’un film sur Hercule ou Sinbad était diffusé sur le petit écran familial, je restais scotché devant le poste pour m’immerger dans des mondes fantastiques et sauvages, peuplés de héros plus grand que nature, de féroces créatures mythologiques et de jeunes femmes à la peau hâlée, très légèrement vêtues.

 

Ensuite, vers l’âge de 11 ans, j’ai commencé à collectionner des comic books mais mon intérêt pour ces contes ne s’est pas atténué, bien au contraire… il s’est même transformé en inaltérable passion. À une époque où les étagères des libraires étaient gorgées de bandes dessinées de super-héros, les périodiques qui attiraient mon attention étaient davantage centrés sur l’horreur, la science-fiction et les histoires de fantasy. House of Mystery (publié par DC), Ghost Manor (par Charlton) et Conan the Barbarian (par la Marvel) sont quelques-uns des titres pour lesquels je dépensais tout mon argent de poche hebdomadaire. J’ai également été très vite intrigué par de merveilleux magazines en noir et blanc tels que Savage Sword of Conan, Creepy, Eerie et, bien sûr, Vampirella, et j’en traquais tous les numéros que je pouvais.

 

Comme je vivais alors dans la province de Québec, il m’arrivait également de parfois mettre la main sur des exemplaires de Spectral, ou Il est Minuit… l’heure des Sorcières ou encore de L’Inattendu, qui étaient importés d’Europe. Dans l’ensemble, ces incroyables « petits formats » traduisaient en français, et en noir et blanc, des histoires provenant de comics américains. J’avoue qu’ils m’ont permis d’observer attentivement le travail artistique effectué sur mes titres préférés dans un format différent, inhabituel, et sans être perturbé par la colorisation.

 

C’est aussi pendant cette période que j’ai pris conscience du chemin à parcourir et que j’ai décidé d’élever ma technique (encore rudimentaire) à un niveau supérieur. Plutôt que dessiner des motifs à chaque fois singuliers, j’ai commencé à expérimenter l’art séquentiel de la bande dessinée. Et je me suis mis à crayonner et encrer mes propres mondes imaginaires sous forme de planches à suivre. Bien sûr, j’essayais vraiment d’imiter les artistes que je vénérais à cette époque, et qui se nommaient Bernie Wrightson, Frank Robbins, Jack Kirby, Steve Ditko, pour n’en citer que quelques-uns. Créer mes propres histoires ne fonctionnait pas toujours, ce n’était pas si simple mais c’était amusant, et j’ai appris beaucoup en étudiant de quelle manière les professionnels procédaient.

 

Puis vint le temps de la puberté. Mon attention s’est tout naturellement portée vers les formes féminines et cette passion nouvelle s’est immédiatement reflétée dans mes recherches artistiques. Tout à coup, je me retrouvais à dessiner presque exclusivement des corps de femmes. Les dames à qui je donnais une vie de papier étaient belles, sexy, mais aussi costaudes et généralement armées jusqu’aux dents, usant d’épées, de flingues, voire d’arbalètes. J’étais en train de créer mes « femmes fatales » idéales et j’ai eu un tel plaisir à les modeler que j’ai aussitôt pris conscience de ce que je voulais faire comme métier plus tard, à savoir : auteur de bandes dessinées érotiques !

 

BLog_Norse

 

Les années passèrent et, après une poignée de comics autoédités, je parvins à décrocher un job pour un magazine érotique franco-canadien. Chaque mois, je leur fournissais une histoire de trois pages qui mettait en scène une bombe sexuelle blonde, voluptueuse à souhait et prénommée Brigitte. À ce moment-là, mon style avait un peu évolué, tout comme mes influences. Je m’intéressais aux peintures du maître Frank Frazetta, aux pin-up léchées du « King » Dave Stevens et à l’extraordinaire art érotique de Paolo Eleuteri Serpieri. Et le résultat ne s’est pas fait attendre… mes femmes étaient devenues beaucoup plus arrondies, plantureuses et de fait, beaucoup plus attirantes.

 

Après plus de quinze ans à travailler pour le magazine et une variété de sites pour adultes, j’ai senti qu’il était temps pour moi d’essayer autre chose. Depuis belle lurette, l’idée d’écrire et d’illustrer mes propres récits épiques de Sword & Sorcery trottait dans le fond de ma tête… le moment était finalement venu de la mener à son terme. Sans le moindre scénario de base, sans être certain des principaux personnages qui interviendraient, et en ayant seulement une vague idée d’intrigue à l’esprit, j’ai dessiné quelques pages d’une histoire que j’ai intitulée Bella the Nomad (traduction : Bella la Nomade), mais que j’ai rapidement rejetée. Quelque chose ne tournait pas rond et l’histoire, c’est un euphémisme, manquait de détails.

 

Pour un nouveau départ, il n’était guère prometteur, c’est peu de le dire.

 

Je me suis donc planté devant mon ordinateur pour, cette fois-ci, écrire le script des pages inaugurales d’une toute nouvelle histoire. Puis au moment où je crayonnais la première page du prologue, j’ai de suite su que je me lançais dans quelque chose d’excitant et qu’il n’y aurait pas de retour possible… c’est ainsi que Norse est né !

 

J’ai toujours voulu que ma saga prenne place pendant l’âge viking. Aussi longtemps que je m’en souvienne, les Vikings m’ont toujours fasciné. Cependant, je ne voulais pas que les miens ressemblent à nombre de caricatures de barbares agressifs, mais plutôt à des héros, et cela va de soi, des héroïnes au tempérament sophistiqué – avec autant de qualités que de défauts. Je tenais aussi à ce que l’univers soit ancré aussi bien dans la réalité historique (vous ne trouverez donc pas ici de casques à cornes !) que dans la mythologie nordique. Mais plus important encore, mon objectif principal était de créer un cadre hautement érotique où je pouvais explorer tous les registres de la sexualité sans pour autant connaître, en théorie, de limite. En d’autres termes : il s’agissait d’inventer un espace et un lieu où à peu près rien n’était tabou.

 

Pour évoluer dans un endroit pareil, j’ai imaginé une héroïne forte dont l’insatiable soif pour la luxure me paraissait indispensable afin de porter l’histoire jusqu’au bout : une jeune femme voluptueuse qui n’avait pas peur d’assumer sa sexualité débridée en partageant son lit soit avec des hommes, soit avec des femmes, soit les deux à la fois. Je ne me souviens plus précisément comment l’idée de ses racines écossaises s’est imposée, mais il est certain qu’elle résulte de mon envie de narrer l’histoire d’un personnage principal féminin qui soit une étrangère sur une terre lointaine. Et c’est ainsi que Brianna Gordon, fille des Highlands écossaises, est née à son tour.

 

Ce que j’aime le plus chez Brianna, c’est la bonne volonté et l’empathie qu’elle éprouve dans n’importe quelle forme de rencontre sexuelle. Son manque d’inhibitions ne connaît pas de limites ! Malgré cela, mon approche dans la mise en scène de l’acte sexuel est toujours associée avec un ingrédient d’importance : la sensualité. Peu importe si la scène est très explicite, je m’efforce constamment de la rendre sensuelle, passionnée et excitante. Je ne me lasserai jamais de dessiner une femme qui jouit, au faîte d’un orgasme !

 

Écrire et dessiner Norse une grande partie des trois dernières années a été une expérience formidable. Une expérience qui, je l’espère, durera de nombreuses années encore…

 

James LeMay, mars 2015, quelque part dans les plaines glacées de l’Ouest canadien.

 

[Propos recueillis par Christian Marmonnier et initialement publiés dans Norse Tome 1, Dynamite, 2015]


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