Bruce Morgan, ce simple pseudonyme peut provoquer excitation extrême et sueur froide pour ceux qui l’ont lu. Avec une seule série de 4 volumes, l’auteur réussit un tour de force unique, avoir créé une histoire hautement pornographique dégageant une perversité inouïe.
Les « Instincts Pervers » mêlent les histoires de Valérie et Sylvie. Le lecteur suit leur parcours sexuel allant de l’initiation jusqu’à ce qu’on peut qualifier de folie lubrique. Les héroïnes sont des personnages simples. Valérie est institutrice dans un bled paumé et Sylvie, que l’on découvre adolescente, vit dans une ferme chez son oncle. A priori, rien ne les destine à se rencontrer ! Et pourtant leurs vies sont liées…
On est très loin des récits de déniaisement habituel où une jolie cruche candide se fait péter la rondelle. Ici, les personnages sont réels. La série se veut ancrer dans le réalité en étant une confession de Valérie. Et si on rajoute à ça le trait réaliste et cru de l’auteur, l’ambiance est définitivement éloignée du fantasme bucolique.
Les héroïnes ont un parcours symétrique. Elles croient toutes les deux à l’amour et déchantent très rapidement. Elles trouvent néanmoins du plaisir à l’acte sexuel, malgré la rudesse de leurs amants. Par exemple, l’institutrice, ne voulant pas froisser son bellâtre acteur, subit sa première sodomie et sa première double pénétration. Sylvie, elle, acceptera la prostitution que lui impose son oncle. Mais on est encore loin de la perversité vantée plus haut.
Les thèmes abordés ont de quoi soulever le coeur. Pêle-mêle, le lecteur affrontera humiliation, domination extrême, viol, relations incestueuses, zoophilie, scatologie, urophilie, je n’en dis pas plus, on dirait un catalogue. Le ton direct et sans fioritures de Bruce Morgan rend le récit acceptable. On comprend que les personnages s’égarent ou s’abandonnent dans des pratiques dont elles ne réalisent pas à quel point elles vont les changer au plus profond d’elles-mêmes.
En effet, ni Sylvie, ni Valérie, ne peut retrouver une vie normale. L’institutrice découvre son penchant pour la soumission et les situations dégradantes. Elle provoquera même les situations pour finir avec une quinzaine d’hommes en rut. L’horreur ultime reste son séjour à la ferme dans l’étable comme animal de bétail. Sylvie, bien plus instable au départ, se révélera être une dominatrice cruelle et manipulatrice.
Les récits entremêlés donnent un dernier tome détonnant. On retrouve tous les protagonistes dans la ferme du Berry s’adonnant à leurs vices dans un esprit jovial et assumé. Car, finalement, ce n’est pas tant la somme des perversions décrites que l’on retient, mais bien l’accord trouvé par les personnages entre leurs désirs et leur position face au monde. Oui, les Instincts Pervers ont au final une morale acceptable et non décadente. Plutôt que de juger la sexualité d’autrui, apprenons à accepter la nôtre.