Déjà le volume 5 des Degenerate Housewives, dans la collection Petit Pétard de Dynamite… Fichtre, fouchtra !! Ni une, ni deux, le boss de la Musardine a mis les petits plats dans les grands et nous a fournis l’occasion d’interviewer Rebecca, aux États-Unis, tous frais payés via Skype (cheese). La mystérieuse artiste a rarement répondu aux questions sur sa vie privée, comme sur sa vie professionnelle. À tout dire, c’est même la première fois que sa voix se fait entendre en Europe. Plus qu’exclusif… voici un entretien exceptionnel, my dears.

Couverture pour le trade paperback de Housewives at Play, qui compile les cinq premiers fascicules de la série en 2002 © Rebecca
Qu’est-ce qui vous a incité à travailler dans le secteur de l’érotisme ?
Je pense sincèrement que j’ai attendu trop longtemps. Au moment où je me suis sentie prête à tenter ma chance dans le monde de la bande dessinée, dans les années 1990, les styles avaient changé et aucune grande maison d’édition n’était intéressée par ce que je faisais. Le seul éditeur qui m’a répondu favorablement est Fantagraphics Books, à qui j’avais soumis quelques bonnes illustrations de filles et de pin-up. En fait, les gens de Fantagraphics m’ont dit qu’ils pourraient être intéressés par mes dessins mais ils voulaient un contenu et des images plus extrêmes, plus hard, pour la ligne éditoriale adulte, le label Eros Comix, qu’ils développaient durant cette décennie. Au début, j’ai refusé en leur répondant « Non, merci ! » mais mon désir de travailler dans la bande dessinée a pris le dessus, et j’ai fini par accepter. Bien sûr, aujourd’hui, je suis contente d’avoir pris cette décision, même si Fantagraphics ne soutient plus ma production actuelle.
Quel métier exerciez-vous avant de vous décider à travailler pleinement dans la bande dessinée ?
La plupart du temps, j’ai gagné ma vie en faisant d’autres emplois, sans relation aucune avec le domaine artistique.
En matière de cinéma et de bande dessinée, par qui avez-vous été influencée ?
Ayant grandi dans les années 1960, c’est donc la période qui m’a constituée, et c’est ma plus grande source d’inspiration. J’adore tous les filles sexy, connues ou moins connues, de ces années-là, comme Yvonne Craig [qui incarna Batgirl dans la série TV Batman], Liz Montgomery [Elizabeth Montgomery, l’héroïne de Ma sorcière bien-aimée], Diana Rigg [Emma Peel, dans Chapeau melon et bottes de cuir], Stephanie Powers [Annie, agent très spécial], et ainsi de suite, je pourrais en fait continuer cette liste indéfiniment. Les coiffures, le maquillage, la mode, j’aime tout de cette époque. Pour ce qui est de la bande dessinée, et depuis que je suis en âge de dessiner des femmes, mes influences majeures sont Kurt Schaffenberger et Wally Wood. Les filles que ces deux-là imaginaient étaient si sensuelles que les lecteurs dont je faisais partie avaient presque envie de les toucher. Mais j’apprécie aussi beaucoup l’art de John Romita, de Russ Manning, de Stan Drake… et encore une fois, je pourrais vous citer de nombreux autres artistes qui ont été des tuteurs pour beaucoup de dessinateurs, et dont le travail m’a servi.
Où travaillez-vous ?
Je travaille seule, dans un studio aménagé de ma maison.
Pouvez-vous nous décrire votre processus de création ?
Généralement, je trouve les poses que j’affectionne sur Internet, et je les laisse ensuite me souffler des images dessinées. À partir de là, les scènes s’enchaînent car je me demande alors comment et pourquoi que je voudrais mettre la fille (ou les filles) dans telle ou telle situation.
J’ai souvent une idée très vague de l’histoire que je veux faire. Je la crayonne ensuite dans son ensemble avant de réellement attaquer la phase d’écriture. L’histoire vient alors naturellement, au fur et à mesure que j’avance.
Comment sont nées les Housewives at Play (Degenerate Housewives, dans la langue de Molière) ?
J’ai toujours adoré l’archétype de la ménagère sexy. Ayant grandi avec Donna Reed, Laura Petry (Mary Tyler Moore), Barbara Eden et d’autres femmes de ce calibre, vous pouvez aisément comprendre ma fascination, non ? Cette fascination s’est exercée enfant, a continué durant mes années de formation, et ensuite à l’âge adulte. Les filles désirables de l’art classique de la pin-up, croquées par Gil Elvgren et d’autres artistes contemporains, m’ont toujours évoqué des figures plus banales : l’épouse, ou la petite amie de quelqu’un.
En effet, et la MILF (acronyme de « Mother I’d Like to Fuck you ») semble être un sujet très populaire aux États-Unis ?
Oui, je confirme. Les MILF et les Teens (ados) sont très populaires chez nous. Allez comprendre 🙂
À propos des Degenerate Housewives. Pouvez-vous nous parler du développement de votre histoire, depuis le début avec Catherine Mitchell en nouvelle Emmanuelle d’Hillvale, jusqu’à aujourd’hui, où la situation est devenue plus complexe, où toute la famille est impliquée dans un imbroglio de relations sexuelles ?
Oh, vous savez, tout cela est arrivé de façon naturelle, vraiment. J’ai toujours voulu que le récit devienne plus complexe, à l’instar de ce qui se passe dans la « vraie vie », et au final je pense que je l’ai sans doute trop complexifié. J’aime revenir à la base, aux racines de toute l’histoire, en mettant juste en scène Cathy, Patty et Beth.

Couverture du volume 5 de Degenerate Housewives, édition française des Housewives at Play © Rebecca & Dynamite 2015
Nous venons tout juste de publier en France l’arc narratif où Cathy, Lynn et Melissa sont kidnappées par Bratty Sneers et deux collègues à elle… la caricature de ces stars de la pop est très réussie et le scénario est également très hard, avec un sadomasochisme de type agricole, qui confère à l’ensemble un humour jubilatoire !
Merci, merci. Vous savez, la plupart de ces incarnations parodiques sont aujourd’hui oubliées et plus guère pertinentes, mais je suis heureux que vous les ayez appréciées.
[Note sur ces parodies obsolètes : Bratty Sneers est la caricature de Britney Spears ; Fate Will, celle de Faith Hill ; et Kandy Korn, celle de Katy Perry]
Où en êtes-vous dans le fil de cette série ?
En train de raconter des épisodes inédits de la vie de Cathy Mitchell, quand celle-ci a été initiée à la soumission, et est devenue une esclave consentante.
En un mot, présentez-nous les autres séries parallèles à Degenerate Housewives, et encore inédites en langue française ?
Hum… Hot Mom’s (« Mamans chaudasses ») est une série un peu moins focalisée sur le lesbianisme, et qui puise davantage ses récits dans le réservoir classique des comportements déviants (gang bangs et diverses autres pratiques communes). Quant à Teens at Play (« Ados joueuses »), la série était destinée aux amateurs inconditionnels de jeunes filles de 18 ans, qui sont dans la phase d’exploration de leur désir des autres (et de leurs mères aussi).
Pourquoi votre site est-il si important pour vous ?
Il est désormais le seul espace où mes fans, mes amis et mes lecteurs peuvent voir mes nouveaux travaux. Comme je vous l’indiquais, l’équipe de Fantagraphics a changé son orientation éditoriale — et ses intérêts pour l’érotisme. Pour tout vous dire, elle retient deux livres inédits de moi, pas encore imprimés. Il y a seulement quelques années en arrière, mes livres étaient justement les titres les plus populaires de leur catalogue, et ceux qui se vendaient le mieux, alors oui, leur indifférence actuelle me fait mal. Tout comme les internautes qui postent de grandes quantités de mes travaux gratuitement (et illégalement) sur des forums… cela me fait mal aussi. Mon site (rebeccahap.com) et les illustrations de commande auxquelles je réponds sont les seules façons dont je gagne actuellement ma vie.
Un mot pour votre public français ?
Cela me rend vraiment très heureux d’avoir un nouvel auditoire, qui découvre mon travail pour la première fois. J’espère que je pourrai le divertir et l’exciter pour de nombreuses, de très nombreuses années encore.
Merci pour vos encouragements et votre soutien positif.
Je vous aime tous,
R.
Propos recueillis par Christian Marmonnier en mai 2015
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