Souvent je m’emporte à ne parler que de mes chouchous de la Bande Dessinée, ceux dont le trait m’a ému, ceux qui dessinent ces moments sensuels et torrides dans lesquels on peut se projeter. Mais ce n’est pas rendre justice à d’autres auteurs tout aussi fascinants (et souvent bien plus cérébraux).

La sortie de Les Soumises me parait l’occasion idéale de vous parler de Xavier Duvet. Celui-ci est tout simplement le premier dessinateur avec lequel j’ai pu échanger quelques mots lors d’une dédicace. Si il s’est montré très encourageant envers mes productions (et je l’en remercie encore), il m’a aussi bien mis en garde concernant le respect de ses oeuvres.

A cette occasion aussi, nous pûmes constater que nous avions un passé de rôlistes commun qui l’avait poussé jusqu’à travailler pour le regretté magazine Casus Belli.

Le parcours de Monsieur Duvet ne s’arrête pas là. Forcément, sinon on en parlerait pas ici. Il publie sa première BD chez BD X, Discipline. Et déjà sous le trait noir, on voit poindre les obsessions sadomasochistes et le goût pour la lingerie.  Ce n’est que plus tard qu’il se spécialise dans la féminisation et la Femdom (Domination féminine).

Ce sous-genre très pointu désoriente fortement le mâle lecteur de BD de cul, mettant à mal les principes machistes du genre. Comment ? Notre héros prend plaisir à être humilié et travesti ? Pas possible, il est forcément gay. Non, c’est plus compliqué que cela. Et c’est là la force des BDs de notre ami. Elles interrogent le lecteur et repoussent sa perception du sexe, voire de son propre rôle dans l’acte.

Vous voyez ? on est encore dans le jeu de rôles, et si les codes sont bien différents, il est encore question de comprendre la psychologie d’un personnage pour mieux s’en imprégner pour un plaisir tout aussi cérébral.

Grand technicien, le trait de Xavier Duvet s’est affiné pour attendre actuellement des sommets. Pour se faire une idée de son parcours technique, son artbook est très représentatif (et par ailleurs entièrement mérité).

La plus grande force, à mon sens, des oeuvres de l’artiste est son implication sans fard à décrire un monde inconnu pour la majorité, d’y ajouter quantités de détails. On y croit et c’est à mille lieux des poncifs habituels du SM donjon (généralement bas de plafonds). L’emprise de la dominante sur son soumis y est totale, implacable et bouleversante.

Sur ce, je vous laisse, mon porte-jarretelles n’arrête pas de tomber et ma tenue de soubrette est bientôt sèche…

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