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INTERVIEW : OLAF BOCCÈRE, CRÉATEUR DE SUITE 121

 

Best-seller du catalogue Dynamite, Chambre 121 a désormais sa Suite 121, qui est une suite sans être véritablement une suite. À l’occasion de la prépublication de Suite 121 sur BDadultes, et de sa future publication papier, il nous a paru évident d’interroger son dessinateur, Olaf Boccère.

 

Malgré un emploi du temps serré, entre deux visionnages de films X pour sa doc’, Olaf répond…

 

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Des lectrices de Suite 121, qui n’osent se l’avouer ? © Dynamite et Olaf Boccère 2015

 

Comment est née cette Suite 121 ?

 

Ma créativité se développe naturellement dans le domaine du sexe. Pour ne pas dire exclusivement ! Ce n’est pas un choix, c’est ainsi. Malgré l’arrêt de Chambre 121, je n’ai jamais cessé de remplir mes carnets d’idées de scènes ou de situations qui me venaient. Avec le succès des albums de Chambre 121, puis de l’intégrale, quand le projet d’une suite est apparu envisageable, il n’y avait plus qu’à se mettre au travail.

 

À propos des héros, pouvez-vous nous présenter un peu plus Anton, ce « valet de sexe »… d’abord est-ce un métier, ça, hein ?

 

Ce que ne permettait pas Chambre 121, à cause du format en épisodes, sera possible avec la Suite — si l’avenir nous permet de développer une série — c’est-à-dire étoffer le personnage principal. Lui permettre de s’incarner véritablement. Première différence notable avec son prédécesseur qui n’en avait pas, Anton a un nom. La difficulté, dans l’élaboration de ce nouvel opus, était de faire une transition crédible et en douceur afin que les lecteurs de Chambre 121 ne soient pas désarçonnés. Créer un nouveau personnage était inévitable, pour une situation entièrement nouvelle.
Quant à son « statut professionnel », je ne me suis pas posé la question. Je ne crois pas parler à quelque endroit que ce soit de salaire. Il est nourri et logé, ce qui n’est certes déjà pas si mal. C’est un « fuck-friend » qui vit à domicile. Un colocataire de sexe…

 

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Anton et Ermandine © Dynamite et Olaf Boccère 2015

 

Quant à Madame Saint-Lys de Ronzières, on sait qu’elle est veuve et que la vie l’a gâtée à tous points de vue…

 

Pour permettre les situations les plus incroyables, il fallait que l’argent ne soit pas un problème. Non plus que la liberté d’emploi du temps, puisque le but dans l’existence d’Ermandine, c’est la jouissance. Le statut de riche veuve est apparu naturellement. L’employeur d’Anton aurait tout aussi bien pu être un couple, mais toujours avec de bons moyens financiers.

 

Ces personnages sont-ils inspirés de personnes de votre entourage ?

 

Les lecteurs se prennent souvent à imaginer qu’un ouvrage est au moins en partie autobiographique. Ce que je peux dire, c’est que les personnages féminins portés sur l’extase sexuelle, au fort pouvoir de jouissance, sont inspirés de quelques femmes existant réellement.

 

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Extrait de Suite 121, volume 1 © Dynamite et Olaf Boccère 2015

 

Pour en revenir à Ermandine, je trouve que ce n’est pas évident de mettre en scène une MILF à l’âge avancé, même si elle possède de nombreux à-côtés de Couguar puissance XXL…

 

La pornographie a tôt eu cette mauvaise habitude de classifier les genres. Genres dans lesquels ma vision de la sexualité ne s’identifie pas. Je trouve l’acronyme « MILF » pour Mother I Like to Fuck absolument odieux ! Pourquoi désigner une femme mûre au fort sex-appeal de maman-que-je baiserais-volontiers quand pour un homme de la même nature on parle de Don Juan ?… c’est insultant. Quant à couguar… franchement !? Ces femmes qui vivent librement leur sexualité méritent mieux que la référence à un félin prédateur carnassier. Les hommes se sentent-ils à ce point en danger ? À toutes les époques de sa vie, le personnage d’Ermandine a aimé le sexe. Jeune fille, jeune femme, puis femme. Aujourd’hui femme mûre, elle a les moyens financiers d’assouvir ses fantasmes avec qui bon lui semble, un point c’est tout.

 

Par rapport à Chambre 121, vous dites que cette nouvelle série donne davantage de place au plaisir de la femme ? Pouvez-vous préciser, svp…

 

Il n’y a pas de projet intentionnel de ma part. Ma vision de la sexualité se développe naturellement au fil de mes récits. Elle se définit par la perception d’un potentiel sexuel dans la nature féminine autrement plus intéressant que dans celle des hommes — et graphiquement plus intéressante à représenter. Une libido plus puissante, plus complexe et plus complète. Mes personnages féminins échappent à la représentation étriquée — et fausse — de la sexualité féminine depuis longtemps imposée par l’homme, pour vivre pleinement la leur. Notez qu’elles ne mènent pas un combat : c’est leur nature. Et plus elles sont épanouies et heureuses, plus les hommes (et les femmes) qui les côtoient le sont aussi.

 

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Extrait de Suite 121, volume 1 © Dynamite et Olaf Boccère 2015

La série procède toujours par petites séquences, des saynètes que les lecteurs aiment beaucoup, dites-vous encore, et qui les inspirent… ce sont les compliments que vous avez souvent acceptés en dédicace, y a-t-il d’autres remarques qui vous ont touché ?

 

Beaucoup de mes lecteurs le sont en couples. Je trouve cela très bien. Ça m’ennuierait de ne parler qu’à un seul des deux sexes. En dédicace, des femmes viennent pour un cadeau à leurs maris, des maris pour une surprise à leurs femmes. Les lecteurs de Chambre 121 disent apprécier y trouver une sexualité libre, sans tabous mais aussi, sans violence ou contrainte. Le fait que je cherche à privilégier l’atmosphère érotique d’une scène à la représentation pornographique de l’acte a aussi son importance. Par exemple, la scène d’ouverture de Suite 121, volontairement crue et obscène, ne comporte pas une seule image de sexe ! Pour autant, je n’ai absolument aucun problème avec les gros plans, que j’espère seulement utiliser à bon escient.

 

Qui est Olaf Bocère, pour de vrai ?… j’entends par là : quelle est sa vie de tous les jours ?

 

Celle de tout le monde. C’est peut-être pourquoi Chambre 121 plaît à un grand nombre de lecteurs. Ils s’y retrouvent. Le hors-norme ne m’attire pas, quand le quotidien est tellement plein de richesses et de promesses.

 

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Rough pour la couverture de Suite 121, volume 1 © Dynamite et Olaf Boccère 2015

 

Avez-vous déjà imaginé et/ou écrit la suite de cette Suite ?

 

Dans mes cartons, il y a de quoi remplir plusieurs récits, complets ou à suivre. Des histoires simples, ou croisées, des histoires chorales ou des portraits intimes. Des suites à la Suite, et des récits indépendants.

 

Question personnelle : êtes-vous plutôt voyeur ou exhib’ ?

 

Ni l’un ni l’autre, et un peu des deux ! Un aspect voyeur pour l’inspiration et la motivation de mon imaginaire. Et puis, le dessin n’est-il pas un exhibitionnisme graphique quand, réalisé seul dans son coin, il est ensuite donné à voir à un maximum de lecteurs ?

 

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Une des scènes les plus orgasmiques de Suite 121, volume 1 © Dynamite et Olaf Boccère 2015

 

Pour finir, quel est le dessinateur érotique que vous portez au pinacle ?

 

S’il devait n’y en avoir qu’un, dont la marque serait perceptible dans mon travail, je dirais Guido Crepax. Ses planches sont de toute beauté. Un noir et blanc parfaitement maîtrisé, des compositions éclatées et une utilisation intelligente du hors-champ et de la suggestion. Un exemple à suivre quel que soit le sujet de narration, sexuel ou pas.

 

Propos recueillis par C. Marmonnier en mai 2015

 

Acheter l’intégrale Chambre 121 sur notre site

 

Teaser de Suite 121

 

Blog d’Olaf Boccère

 

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Illustration originale d’Olaf Boccère adressée aux lecteurs de Suite 121… Ermandine Saint-Lys de Ronzières et son valet de sexe souhaitent à leurs lecteurs une lecture aussi distrayante que revigorante © Dynamite et Olaf Boccère 2015


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