Ma position de chroniqueur BDs de cul me vaut régulièrement d’être foudroyé par les propos acerbes de personnes défendant la cause féminine. Je sais que cela part d’un bon sentiment, mais c’est une discussion vite lourde. Alors je profite de cette chronique pour régler les comptes (et aussi poser le débat).
La position de la Femme dans la BD adulte (comprenez son rôle, et non pas comment elle est disposée à se faire prendre) n’est pas si éloignée de celle de la vidéo pornographique. C’est un objet de fantasme couché sur papier glacé. Elle est un élément essentiel (dans le cadre d’une BD hétéro) au récit. Sans elle, il ne peut y avoir qu’une sexualité avec soi-même.
L’image traditionnelle de la Femme dans la pornographie est certes souvent réduite. Elles sont traitées comme des objets sexuels dans bon nombre de titres (notamment les publications BD X). Grosso modo, on peut comparer la femme dans la BD des années 70 et 80 à une princesse de conte de fées, elle ne sert à rien, si ce n’est à être là pour faire la potiche ou justifier une histoire. Elle peut donc être forcée, éduquée, pervertie, maltraitée ou encore rabaissée. Bref, ses orifices parlent pour elle.
Depuis la libération de la Femme et des moeurs a rendu la vision de la femme-objet archaïque. Certes, je ne connais aucun auteur actuel ayant clamé haut et fort son féminisme (l’exception étant Ovidie, scénariste de Histoires Inavouables). Mais clairement, les lignes ont évolué. Le rôle des genres a changé. Tout d’abord le nombre de titres avec des femmes pour héroïnes a explosé. Elles y sont fortes, matures et expriment leur libido à la face du monde (Mais il est important de rappeler que le titre fondateur de l’érotisme dessiné français est Barbarella !).
Le milieu de la Bande Dessinée est encore très largement masculin et donc cela se ressent dans nombre de fantasmes dessinés. Encore une fois, les choses évoluent et Monica & Béa, Paula Meadows, Rebecca ou encore Giovanna Casotto changent le médium de l’intérieur. On peut critiquer leurs œuvres, mais elles ne sont pas des répliques de BDs masculines.
Je vois la BD adulte comme un espace de libertés où l’auteur se sert d’un scénario et de son dessin pour y poser ses obsessions. Il y a forcément des thèmes qui ne plairont pas à tous et des points de vue qui pourront choquer. Vous imaginez Bruce Morgan se demander en dessinant l’Esclave Sexuelle si il va se faire attaquer par des FEMEN ?? Instinctivement, la notion qui brime la liberté créatrice me paraît suspecte.
En assistant à de nombreux débats autour du féminisme, je me défends d’être un oppresseur. Et comprenez SVP cet article comme une ouverture à un débat, voire un début de réflexion pour tout amateur de loisirs adultes.