Dans l’article précédent sur Manara, j’ai évoqué surtout le Déclic et Le Parfum De l’Invisible et ses oeuvres « pornographiques » majeures. Il est néanmoins nécessaire de parler de ses titres « softs ».
En effet, Manara n’est pas un artiste que l’on peut enfermer dans le seul genre érotique. L’érotisme est cependant toujours au coeur de ses pages, tant ses femmes regorgent de sensualité. Mais il faut lui rendre l’hommage qu’il mérite.
Dans mon adolescence, j’ai dû me faire pincer un jour à lire ses BDs. Mon frère, magnanime, n’en a jamais reparlé, mais ce jour, dédaigneux, il me lança : « lis donc les aventures de Giuseppe Bergman, ça, c’est de la BD, pas comme tes trucs de branleurs ». Honteux, mais pas sourd, je me jetais sur les 4 titres qui bousculèrent tout ce que je connaissais du 9e Art.
Marqué par Corto Maltese, je fus sidéré que Hugo Pratt soit l’éminence grise du 1er volume, le prometteur d’Aventures. Giuseppe Bergman est une coquille vide avec une belle gueule (coucou Alain Delon !), il n’est que l’acteur passif d’événements dans lequel il se retrouve impliqué. Invitation aux voyages et à la curiosité, la saga de Bergman est, à mes yeux, un chef d’oeuvre de la BD (avec, en prime, 2 scènes torrides que sont le moment avec Brigitte Lahaie et le souvenir dans les douches, je n’en dis pas plus). Et c’est à la même époque que je découvre Le Singe, parodie de la légende chinoise du Singe-Roi avec des allusions politiques courantes à sa sortie (un album qui vaut son pesant d’or aussi).
Et le bougre a le goût pour les collaborations. A ce niveau, il sait s’entourer avec des génies du genre. Hugo Pratt avec lequel il signe le Gaucho et Un Eté Indien, Alejandro Jodorowski pour les Borgias, Chris Claremont (LE scénariste des Xmen) pour un One Shot très discutable avec les membres féminins de la célèbre équipe, mais aussi Fellini pour qui il dessinera des scripts.
Manara a posé dès les années 80 des nouvelles rêgles du jeu pour la Bande Dessinée. Conscient de son art et de sa portée, mais aussi des moyens de ce medium, il a clairement laissé sa marque et, grâce à ses titres osés, il a une reconnaissance internationale, bien que ces dernières BDs m’aient laissé assez froid.
Si le ton de ses albums s’est assagi, le maestro ne recule pas et dessine toujours des cases affolantes quand il s’agit d’y mettre des personnages féminins. D’accord, les détracteurs diront que c’est toujours la même, mais ce sont des vilains aigris qui boudent leur plaisir.
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