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La BD érotique à l’heure du numérique : tendances et évolutions

Site bdOn la disait démodée, enterrée, oubliée au milieu des années 1990, au même titre que les Boys Band et les disquettes informatiques. Pourtant, la BD érotique est toujours bien vivante en 2014, et plus vaillante que jamais ! Depuis une dizaine d’années, porté par le poids toujours croissant du numérique et du e-commerce, le genre connaît un heureux renouveau, aussi bien en termes de création artistique que de vitalité économique. Et notre petit doigt nous dit que la création du label Dynamite, au tournant de l’année 2002, n’y est pas tout à fait étrangère…

 

Longtemps cantonnée aux recoins sombres et anonymes des librairies, la BD adulte a su changer son image – on entrait alors dans le XXIe siècle – et gagner (un peu) de terrain auprès du grand public. Aujourd’hui, on la trouve en bonne place sur le web, milieu dans lequel elle s’est fondue avec un outrageux naturel. Les éditeurs historiques ne s’y sont pas trompés : tous ou presque ont lancé leur collection pour adulte, et Dynamite a vu grandir à ses côtés nombre de petits frères, de Rebecca Rills à Tabou, en passant par Blanche ou Drugstore. Est-ce un hasard si Zep, père de Titeuf et chantre de la bande-dessinée jeunesse, s’est récemment lancé dans la création d’albums érotiques ? Tout laisse à penser que l’avènement de l’ère numérique, et avec elle le triomphe de l’achat en ligne, ont donné à l’érotisme illustré ce qui lui avait toujours manqué : un espace d’expression, de discrétion et, surtout, de fédération du lectorat.

 

 

Bien sûr, si les rééditions de Manara (en superbes albums chez Glénat) continuent d’attirer les puristes, la production et les genres édités se sont considérablement diversifiés ces dernières années, au point qu’on parle aujourd’hui de lectorats (au pluriel) pour la BD érotique, de tous âges et de toutes origines culturelles. L’explosion du genre manga en Occident, et avec lui du hentaï, a rajeuni de beaucoup le lectorat habituel et contribué à la démocratisation de l’érotisme visuel. Le microcosme des auteurs aussi a évolué, en se féminisant notamment – ainsi les œuvres à succès de l’artiste italienne Giovanna Casotto, à l’univers classe et stylisé. L’humour, également, est de plus en plus utilisé comme biais d’entrée dans l’érotisme (voir par exemple la production des Requins marteaux, ou tout récemment l’album Jungle Fever, de Douglo). Pour autant, et malgré quelques tentatives des éditeurs, la majorité des succès s’inscrit encore dans la tradition hard – pour ne pas dire pornographique – du genre. Jusque pour le marché du livre, Internet reste le paradis des contenus (très) épicés.

 

Giovannissima - Casotto

 

Le numérique, on l’a dit, a accompagné de fort belle manière ce renouveau du genre. Si les ventes de BD papiers sur Internet (Amazon et La Fnac étant les principaux acteurs du marché francophone) ont explosé depuis la fin des années 2000, les BD numériques pèsent de plus en plus sur le marché global. Dès 2002, Dynamite commercialisait ses titres aux formats physique et dématérialisé, mais l’éditeur a longtemps marché seul sur le chemin de l’ebook : c’est seulement depuis 2010 que les acteurs du marché ont lancé de manière industrielle la numérisation de leurs catalogues. Le format universel PDF continue de garder la préférence du lectorat, et ce malgré la diffusion de l’ePub : c’est que les auteurs construisent généralement leur travail graphique en « doubles-pages », aussi la lecture déconstruite (l’exemple du « case-à-case » d’Amazon) est-elle jugée destructrice de sens ; le format figé du fichier PDF assure aux lecteurs l’intégrité de l’œuvre.

 

 

 

 

Jungle Fever

Certes abondamment piratée (mais n’est-ce pas la rançon de la gloire ?), la BD érotique s’épanouit donc dans la révolution numérique comme un poisson dans l’eau. À mesure qu’ils étoffent leur catalogue ebooks, les éditeurs augmentent rapidement leurs rendements et peuvent encore intensifier leur programme de parutions (pour exemple, Dynamite a multiplié son chiffre d’affaires numérique par 3 entre 2013 et 2014). À cette croissance hors normes s’ajoute la floraison de blogs BD (ainsi l’excellent Érotographe, et bien d’autres), agrégateurs de critiques et rassembleurs de communautés. Toujours plus ancré dans le web, Dynamite continue sa mue numérique avec son nouveau site, bd-adulte.com. Une nouvelle aventure et de nouveaux contenus, pour une nouvelle communauté de lecteurs ? Qui sait ? L’aventure ne fait que commencer…


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